Dijon, blessure, terre battue... Qui est Loïs Boisson, la révélation française de ce Roland-Garros ?

Victorieuse de Jessica Pegula, troisième joueuse mondiale, en huitièmes de finale, Loïs Boisson explose aux yeux du grand public à l'occasion de ce Roland-Garros cru 2025. La récompense d'un jeu varié et surtout d'un travail acharné ces derniers mois, après une grave blessure qui l'avait privé de la précédente édition porte d'Auteuil.
Sensation de ce Roland-Garros 2025, Loïs Boisson (22 ans) s'apprête à défier Mirra Andreeva, 6e mondiale, pour une place dans le dernier carré. Fille d'un ancien basketteur, celle qui a commencé le tennis à huit ans à l'ASPTT Dijon semble prête à faire décoller une carrière freinée ces derniers mois par un sérieux contretemps.
Une grave blessure l'an dernier
En 2024 déjà, Loïs Boisson aurait pu montrer l'étendue de son talent porte d'Auteuil. 152e il y a un an, la Dijonnaise s'était offert le premier titre de sa carrière sur le circuit, au WTA 125 de Saint-Malo (sur terre battue), obtenant alors une invitation pour le Grand Chelem parisien. Une faveur de la Fédération française de tennis que cette dernière n'avait pu honorer, victime d'une rupture d'un ligament du genou gauche lors du Trophée Clarins, à deux semaines de l'échéance.
Une période "très dure à accepter" pour la Tricolore, qui n'a cependant pas voulu précipiter son retour après opération. Résultat des courses, neuf mois sans match, jusqu'à disputer un tournoi sur le circuit secondaire à Manchester, en février dernier. Celle qui admet avoir énormément travaillé physiquement, pour prévenir tout pépin à l'avenir, n'a depuis cessé de monter en puissance, avec notamment un titre et une finale en ITF (circuit secondaire) avant d'arriver à Paris.
Fan de Rafael Nadal
L'aisance de la Française sur terre battue n'est pas le fruit du hasard. Au-delà d'avoir pour idole un certain Rafael Nadal, son jeu s'adapte idéalement à la surface. Entre un coup droit très lifté, sa capacité à varier (slices, amorties, lobs) comme à tourner autour de son revers pour générer plus de puissance, elle dispose de nombreux atouts pour y briller. Au soir des huitièmes de finale, elle était d'ailleurs la joueuse ayant réalisé le plus de coups gagnants depuis le début du tournoi (133).
"Quand j’étais petite, je jouais beaucoup sur terre battue. Mon style de jeu va bien avec. C’est ma surface préférée et je suis très heureuse d’évoluer dessus", a confirmé la principale intéressée au sortir de son exploit face à Jessica Pegula, troisième mondiale. Des dispositions dont sa dernière victime parle sans doute le mieux. "Elle est très rapide [...] et frappe assez fort quand elle a besoin de revenir dans le point. Quand elle est côté coup droit et qu'elle frappe haut et fort, il n'est pas facile de changer de direction pour revenir sur son revers", concède ainsi l'Américaine.
Inexpérimentée sur le circuit WTA
Deuxième joueuse bénéficiaire d'une wild-card à rejoindre les quarts à Roland-Garros dans l'ère Open, après Mary Pierce en 2002, Loïs Boisson défie toutes les statistiques. Avant son premier tableau final en Majeur, elle ne comptait qu'une victoire sur le circuit, et vient donc d'en enchaîner quatre, dont deux contre des têtes de série.
Un relatif manque d'expérience compensé, au-delà d'une palette très riche sur ocre, par une force de caractère démontrée dans les moments clés. "Quand je suis venue m'échauffer dans la matinée, c'était incroyable. Mais j'ai fini par me dire que ce n'était qu'un court de tennis", explique la 361e mondiale, qui n'a jamais semblé prise par l'enjeu d'un tel événement. Illustration lors de sa dernière rencontre où, pour sa première sur le court Philippe-Chatrier, elle a sauvé avec cran quatre balles de débreak au moment de servir pour le match, dont l'une d'un subtil enchaînement amortie-lob.
Si elle concède désormais rêver d'une victoire finale, son Roland-Garros est d'ores et déjà réussi. À 22 ans, cette dernière est assurée de pointer lundi prochain, a minima, au 120e rang mondial, mais surtout, d'empocher un chèque de 440.000 euros. Un montant extravagant pour une joueuse qui n'avait gagné "que" 129.000 euros depuis le début de sa carrière. De quoi se rapprocher des standards d'un circuit WTA, auquel Boisson ne demande qu'à devenir biberonnée.