Interdiction des cigarettes : pourquoi les terrasses ne sont-elles pas concernées ?

L'interdiction de la cigarette va s'étendre davantage dans l'espace public. S'il ne sera plus possible de fumer dans les parcs, sur les plages et ou encore aux abords des écoles à partir du 1er juillet 2025, la mesure ne concerne pas les terrasses des bars et des restaurants. Europe 1 fait le point.
"Là où il y a des enfants, le tabac doit disparaître", a annoncé ce jeudi 29 mai la ministre de la Santé Catherine Vautrin, dans les colonnes de Ouest-France. En conséquence, l'interdiction de la cigarette sera effective dès le 1er juillet et concernera "les lieux où il y a beaucoup d'enfants", à savoir les plages, les parcs, les abord des écoles et les équipements sportifs.
"On n'est pas là pour donner des leçons de morale, mais pour faire de la prévention", avait ainsi expliqué la ministre du Travail, de la Santé, des Solidarités et des Familles, s'alignant sur les propos de Yannick Neuder. Ce dernier déclarait sur Sud Radio vouloir que l'on arrête d'"emmerder les Français" avec ce type d'interdiction.
Mais ce choix n'est pas vu d'un bon œil par les militants anti-tabac. Au micro de RMC ce samedi 31 mai, Loïc Josseran, le président de l'association Alliance contre le tabac, fustige l'influence du "lobby des industriels du tabac qui passe par l'entremise des cafetiers et restaurateurs".
"Une logique économique"
Pour Loïc Josseran si la nouvelle mesure n'est pas étendue aux terrasses, c'est que "le gouvernement n'a pas voulu engendrer de bras de fer avec les buralistes", soulignant que "bon nombre de ces restaurateurs, bars, sont aussi des buralistes" et qu'il "y a peut-être une logique économique qui dépasse la seule dimension du cafetier".
Dans les colonnes du HuffPost, Frank Delvau, le président de l'Union des métiers et des industries de l'hôtellerie d'Ile-de-France, estime qu'une interdiction en terrasse aurait un impact sur la clientèle, décourageant les fumeurs. "Il y aura aussi des gens qui se mettront debout devant la terrasse pour fumer, ce qui ne réglera pas le problème de la fumée", relate-t-il.
Un argumentaire contredit par Loïc Josseran dans l'émission Europe 1 Midi weekend. "Il y aujourd'hui moins de 25% de la population française qui fume. Avoir ses terrasses enfumées – notamment l'hiver avec des terrasses complètement fermées – fait fuir les trois quarts des clients potentiels. Au lieu d'avoir un chiffre d'affaire en perte, la profession aurait au contraire un bénéfice supplémentaire puisqu'elle amènerait sur les terrasses des gens qui aujourd'hui les fuient", conclut-il.
Le besoin de plus de prévention
"J'en ai assez qu'on stigmatise, qu'on oppose", a quant à lui fustigé Philippe Coy de la Confédération des buralistes au micro de BFMTV ce samedi. Il dénonce des "effets d'annonce" qui n'auront pas les résultats escomptés, soulignant l'inefficacité des réglementations sur la cigarette appliquées au fil des années, à l'image de l'augmentation du prix du paquet.
Bien que l'Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT) fait état d'une baisse historique du tabagisme entre 2023 et 2024, la France affiche un taux de tabagisme encore élevé au sein de l'Union européenne, avec 27% de fumeurs, juste devant l'Espagne, l'Allemagne et l'Italie (24%), selon la dernière enquête Eurobaromètre relayée par Euronews.