«Sur dix chantiers, cinq sont à l'arrêt» : après la suspension de ma PrimeRenov', l'avenir suspendu des professionnels du secteur
Le gouvernement entend faire le ménage dans le système Ma PrimeRenov', accusé d'être trop étanche aux fraudes. Alors que le système est suspendu durant tout l'été, les professionnels de la rénovation énergétique s'alarment de la situation, qui se complique un peu plus chaque jour.
Le gouvernement veut faire le ménage dans le dispositif Ma PrimeRénov'. Alors que près de 16.000 dossiers sont suspectés d'être frauduleux, l'exécutif a décidé de suspendre le système pendant tout l'été, au grand dam d'Emmanuel Macron.
Du côté des entrepreneurs du secteur, l'inquiétude grimpe. Sur un chantier dans les Hauts-de-France, perceuse et scie sauteuse à la main, trois ouvriers rénovent une maison et installent une chaudière sous l’œil de Youssef Ghoudane, le patron d’une PME spécialisée dans la rénovation énergétique.
Des clients qui désistent en masse
Depuis la suspension de la PrimeRénov, la moitié des chantiers a été stoppée. "Sur les 10 chantiers que j'ai, il y en a 5 qui sont à l’arrêt. C’est inimaginable, c'est même frustrant. Depuis deux jours, je ne fais que répondre au téléphone, aux clients. Et souvent, le client, quand il m’appelle, il me dit : 'Je ne peux plus m’engager, donc on arrête'", souligne-t-il au micro d'Europe 1.
Car ces aides de l’État représente parfois plus de 50% du financement, insiste ce responsable d’entreprise dépité, qui emploie 12 salariés. "Je dis quoi à mes collaborateurs ? On a deux options : du chômage technique, ou du licenciement. Je ne sais pas quoi leur dire", conclut-il.
Une mauvaise nouvelle pour la région, en mauvaise position sur le sujet
La suspension de la PrimeRénov' va fortement pénaliser la région, explique Benoît Loison, président de la Fédération française du bâtiment des Hauts-de-France. "On est quand même les champions de France des passoires thermiques. Et donc globalement, c'est notre région qui a le plus de travaux à réaliser", insiste-t-il.
"Des entreprises vont souffrir, faire faillite", déplore-t-il, "mais la colère est bien présente". Des blocages ou manifestations pourraient avoir lieu dans les prochains jours.