Face aux incertitudes américaines, l'Agence spatiale européenne mise sur plus «d'autonomie»

Face aux incertitudes nées des coupes budgétaires envisagées par l'administration Trump, qui affecteraient plusieurs programmes élaborés en collaboration avec la Nasa, l'agence spatiale européenne veut accroître son "autonomie".
L'Agence spatiale européenne veut accroître son "autonomie" face aux incertitudes nées des coupes budgétaires envisagées par l'administration Trump, qui affecteraient plusieurs programmes élaborés en collaboration avec la Nasa, a indiqué jeudi son directeur général Josef Aschbacher.
"Les États membres nous ont demandé de nous assurer que l'Europe accroisse sa résilience et son autonomie dans son propre intérêt, afin de s'assurer que nous disposions des technologies dont nous aurons besoin à l'avenir", a déclaré M. Aschbacher lors d'un point presse à l'issue du 334e Conseil de l'ESA.
Ils ont également appelé à "la recherche de partenariats renforcés avec d'autres partenaires", a-t-il ajouté, citant notamment le Canada, l'Inde ou le Japon. Dans son projet de budget pour 2026, l'administration du président Donald Trump a proposé début mai une diminution drastique de l'enveloppe budgétaire dédiée à l'agence spatiale américaine.
Garantir les investissements
Dans ce plan, qui doit être approuvé par le Congrès à l'automne, figure notamment l'abandon progressif de la capsule Orion, développée pour le programme lunaire Artemis, tout comme celui de la station spatiale Gateway devant être installée en orbite autour de la Lune. Le retour très attendu sur Terre d'échantillons de roche collectés sur Mars serait aussi abandonné et de nombreux programmes scientifiques réduits ou annulés. Autant de projets auxquels collabore l'ESA.
Si les discussions se poursuivent aux États-Unis, l'ESA "analyse son impact" afin de déterminer "les options et mesures que nous pourrions prendre pour garantir que les investissements réalisés par nos États membres soient utilisés de la meilleure manière possible, éventuellement redirigés si nécessaire, ou même que de nouvelles activités soient lancées et initiées dans ce but", a indiqué M. Aschbacher, sans exclure des "gels".
Tout en poursuivant leur travail dans le cadre d'Artemis, les industriels qui y fournissent l'ESM — le module de service du vaisseau Orion — travaillent ainsi sur des "missions alternatives" ou sur la façon de "maximiser la réutilisabilité" des éléments européens du Gateway, a détaillé Daniel Neuenschwander, directeur de l'Exploration humaine et robotique.
"Atténuer l'impact"
L'agence s'assure également qu'une "réorientation technique" de l'orbiteur spatial chargé de ramener des échantillons martiens sur Terre "soit possible", en cas d'abandon du projet, a-t-il ajouté.
Concernant les programmes scientifiques, "nous pensons pouvoir potentiellement atténuer l'impact" des coupes envisagées sur 16 des 19 programmes sur lesquels les deux agences collaborent, a estimé Carole Mundell, directrice de la science.
Trois autres pourraient nécessiter des "mesures de redressement": LISA sur la détection des ondes gravitationnelles, EnVision qui doit étudier Vénus et l'observatoire spatial à rayons X NewAthena.