«Toutes les options sont ouvertes» : Bruno Retailleau refuse de défendre la proportionnelle et n'exclut pas de quitter le gouvernement
Bruno Retailleau, ministre de l'Intérieur et chef du parti des Républicains, a affirmé que "toutes les options étaient ouvertes" concernant un potentiel départ du gouvernement s'il devait défendre un projet de loi instaurant un mode de scrutin proportionnel aux élections législatives.
Le patron de la droite et ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a affirmé lundi que "toutes les options étaient ouvertes" sur son éventuel départ du gouvernement s'il devait défendre à son poste un projet de loi instaurant un mode de scrutin proportionnel pour les élections législatives.
Une opposition "très ferme"
Le président du parti Les Républicains a précisé avoir dit au Premier ministre François Bayrou, avec lequel il s'est entretenu de ce sujet pendant 1H15 à Matignon, qu'il "ne porterait pas ce type de réforme". "Toutes les options sont ouvertes", a-t-il affirmé, interrogé sur son départ du gouvernement s'il était dans l'obligation de porter cette réforme.
Bruno Retailleau a redit son opposition "très ferme, absolue sur ce mode de scrutin" qui "pourrait déséquilibrer les institutions de la cinquième République, qui a besoin d'une majorité pour bien fonctionner".
"L'éparpillement auquel le mode de scrutin (proportionnel) conduirait est en réalité profondément déstabilisant pour le pays", a-t-il fait valoir. "Au moment où il faut prendre des décisions, le scrutin proportionnel à travers cette ingouvernabilité amènerait finalement à une forme d'impuissance, d'impuissance publique".
François Bayrou a entamé une série de consultations
Bruno Retailleau a aussi souligné que la proportionnelle "écartèlerait une fois de plus encore un peu plus la France des territoires ruraux et la France qui est plus urbaine", rappelant que la droite était "attachée" au fait "qu'il y ait un enracinement", un "lien entre le député, son territoire et la population qu'il représente".
À ses côtés, le chef de file des députés LR Laurent Wauquiez s'est dit "consterné" par l'entretien et a dénoncé dans ce projet un "tripatouillage des règles électorales". "Il nous faut à la fois de la stabilité et de l'ancrage" dans les territoires, a défendu son collègue au Sénat Mathieu Darnaud. François Bayrou a entamé le 30 avril une série de consultations des forces politiques sur l'élection des députés à la proportionnelle. Un projet de loi pourrait être examiné à l'automne.
Le Premier ministre défend une proportionnelle intégrale par département comme en 1986, alors que depuis l'instauration de la Ve République, à l'exception des législatives de cette année-là, les députés sont élus au scrutin uninominal majoritaire à deux tours.
Le RN y est favorable
Le bloc central est divisé : le MoDem, le parti de François Bayrou, défend ce mode de scrutin au nom du "pluralisme" politique, mais les macronistes ont changé d'avis sur le sujet, considérant que le scrutin majoritaire est désormais "le moins pire".
Le RN, favorable à une proportionnelle avec une prime majoritaire, a indiqué qu'il pourrait s'accommoder du modèle de 1986. Son allié Éric Ciotti, chef du groupe UDR, estime que ce mode de scrutin permet de "mieux représenter les forces politiques dans leur réalité".
À gauche, le Parti socialiste n'a pas encore arrêté sa position sur la proportionnelle, qui n'est "pas la priorité" du leader communiste Fabien Roussel, tandis que les députés de La France insoumise défendent une proportionnelle "à un échelon régional", tout comme le parti Place publique de Raphaël Glucksmann. François Bayrou doit recevoir mardi soir les représentants des Écologistes.